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Une expérience africaine...

Au lever du soleil, le son de la jeune fille qui balaye et arrose la cour réveille en douceur. Il est 6h. On entend le bruit d'une porte en métal, quelqu'un, armé d'un seau d'eau puisée à l'extérieur de la cour et d'un savon est en train de se laver. Peu à peu, la cour s'agite, le repas est sur le feu, les chaises, les nattes et les enfants sont sortis, les éclats de voix des premières palabres de la journée incitent à se lever. Au petit déjeuner, du pain avec du fromage, du thé et surtout des fruits. Bananes, mangues ou ananas, chaque morceau semble être plus merveilleux que le précédent. Les visiteurs ne tardent pas à envahir la pièce. Tous viennent pour saluer la famille et l'invité, s'asseoir ensemble, parler un peu, puis repartent après peu de temps en faisant la promesse, toujours tenue, de revenir le lendemain.

Dans les rues de terre creusées par les pluies diluviennes typiques de l'Afrique qui s'abattent parfois sur la région il est par endroit difficile d'avancer. La petite moto peine à passer certaines crevasses mais le conducteur avisé connaît toutes les astuces et prend très à coeur la sécurité de son passager embarqué sans casque, en débardeur et en sandales. Dans le quartier, pourtant vaste, il semble être connu de tous.

Après plusieurs arrêts, quelques salutations et visites rapides, la moto est garée près du marché. Sur plusieurs hectares, une multitude d'échoppes proposent toutes sortes de produits. Bien qu'il soit très facile de se perdre dans les allées encombrées, le visiteur remarque vite que la place est parfaitement organisée. On trouve à l'entrée les produits domestiques, vaisselle, lessive, divers appareils électriques (vendus pour neuf mais visiblement déjà au moins de seconde main). Puis, en avançant, les vêtements et tissus. Sur 200 mètres, c'est un défilé de couleurs vives et de motifs étranges. Viennent ensuite les bijoux, or, argent ou diamant pour le prix d'une simple boîte d'allumettes. Toute une partie du marché est ensuite probablement réservée principalement au touriste désireux de trouver à ramener chez lui un masque africain authentique, un collier ou encore une besace d'artisanat traditionnel du pays, le même que celui que l'on retrouvera dans un marché similaire dans tous les pays d'Afrique voisins. Enfin, dans un espace plus ouvert, les fruits et les légumes se vendent par milliers, la viande s'entasse sur des grills de fortune, les vendeurs appellent le client "non mon thé n'est pas le même que celui de mon voisin, le mien est bien sûr meilleur et, pour sûr, moins cher!" Il n'avouera pas que tous deux l'ont acheté ce matin au même fournisseur. Tout se marchande en Afrique, les prix se baissent, il est considéré comme offensant l'acheteur qui ne tente pas d'obtenir un prix plus juste. Si l'on s'intéresse à la marchandise, on doit avoir une idée du prix que l'on en veut et celui annoncé ne peut être le bon. Après une heure ou deux de déambulation il est temps de quitter ce lieu et de rechercher un endroit plus paisible pour passer le reste de la journée.

Le choix est fait pour une petite cours ornée d'arbres dans laquelle il fait frais. Seulement quelques personnes s'y reposent. Pas d'enfant, pas de femme affairée, seul le son d'un poste de radio trouble la tranquillité du lieu. Une longue discussion s'entame entre les jeunes gens, on ne voit pas passer le temps. La nuit est tombée, il faut rentrer. Après un repas préparé sur le petit réchaud, quelques dernières paroles échangées dans la cour, c'est avec regret que l'on voit s'achever cette longue journée. Encore une merveilleuse expérience africaine...

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